Aiminanu
en conversation avec Mathias Mark
2017




Aiminanu est un mot de l’innu-aimun qui se traduit par « il y a une conversation en cours ». L’exposition repose sur cette idée de conversation – entre les langues, les cultures et les personnes. Conçue autour d’un ensemble de phrases tirées d’un dictionnaire innu-français, elle explore aussi les relations entre langage, territoire et identité. Le dictionnaire apparaît comme un lieu d’affirmation, où la langue elle-même prend la parole : les mots innus, une fois traduits, deviennent des phrases qui sont porteuses de sens, de connaissance et d’évocations poétiques. Placées dans l’espace en fonction des significations des quatre directions, du ciel et de la terre, elles témoignent aussi d’une relation intime entre l’humain et le territoire, en phase avec les cycles du jour, des saisons ou de la vie. Le dictionnaire représente aussi un lieu d’échange entre une langue parlée, l’innu, et d’une langue écrite, le français. Un dialogue qui fait écho à ce qu’il est possible d’entendre dans l’exposition, c’est-à-dire les voix d’une conversation entre l’artiste et Mathias Mark, qui énonce l’importance d’entendre les paroles de sa langue et de sa culture. Aiminanu suggère ainsi d’écouter ces voix qui viennent de la terre et qui s’entremêlent aux cours des rivières.


«Aiminanu. “Une conversation est en cours”, traduit-on de l’innu-aimun. La relation passe donc par le langage parlé. Son rythme est au présent. Qui plus est, le dialogue évoqué est ouvert, en continu, en évolution (in progress). Mais, surtout, sa formulation nous entraîne. Elle nous transporte vers trois territorialités : géographique, cosmologique et artistique. »
- Extrait du texte Aiminanu, de Guy Sioui Durand.


Aiminanu, composé d'éléments du projet Voix du Nitassinan et de l'œuvre sonore Mamit aimun, a été présenté à YYZ, Toronto.

Mathias Mark est de Pakuashipi, une communauté située sur la Basse-Côte-Nord du fleuve Saint-Laurent. Il vit sur les rives de la Pakua Shipu, une grande rivière qui mène vers l’intérieur des terres, où les Innus vivaient traditionnellement durant la saison hivernale, suivant les hardes de caribous. Par l’enseignement des aînés, il s’investit dans l’apprentissage des compétences et des connaissances de sa culture innue traditionnelle, afin d’en faire le partage aux nouvelles générations. Il est intéressé par les aspects autant techniques que spirituels de la chasse, suivant des méthodes de préparation en respect de l’animal, et écoutant des chants ainsi que le rythme du teueikan, le tambour sacré. Il a également commencé à enregistrer les récits des aînés pour que leurs souvenirs continuent à inspirer la vie des Innus.


Merci au Conseil des arts et des lettres du Québec pour son appui financier. Merci à Mathias Mark, Tanya Lalo Penashue, Craig Rodmore, Guy Sioui Durand, Sodec, Avatar, VU, L’Œil de Poisson, François Simard, Le Labo, YYZ.