« Les piments »
2010



Il y avait un petit commerce sur la rue Beaubien, où plusieurs objets étaient exposés dans la vitrine. Une affiche disait « tout est à vendre », mais tout y restait en place, jamais vendu. Cette vitrine faisait partie du paysage routinier de ma route vers le métro. Un jour est ajoutée une note sur la porte : on annonce les funérailles d'un homme dont le nom m'est inconnu. Se demander si c'est celui qui tient ce commerce de quartier dont je ne connais la fonction véritable me semble un peu intrusif, un peu indiscret. Je remarque, et j'oublie. Quelques jours plus tard, les objets furent retirés. Il n'y restait qu'une table ronde sur laquelle était déposée une nappe de soie artificielle, et quelques piments éparpillés. La mémoire qui reste d'un homme jamais aperçu.